J’ai déjà narré ici où là, mon exemplarité de parent investi. Je suis infaillible, je dépote, j’arrache tout. Il ne manquait qu’une corde à mon arc (et aussi des flèches, et aussi filer un coup de latte à la cible de mes concurrents comme dans Koh Lanta quand ils peuvent voir leur proche et qu’un sale connard leur fout tout par terre à 10cm de leur mère) c’est de devenir parent d’élève ÉLU.
Si tout va bien au moment où vous lirez ceci ce sera chose faite et validée dans le secret des urnes avec un taux de participation record : au moins 22% de votants selon Ipsos et le baromètre du Parisien. Je serai parent d’élève suppléante, oui madame, oui monsieur, suppléante, ça calme. En gros ça veut dire que si quelqu’un se pète une jambe d’ici la fin de l’année et que 9 autres déménagent très loin, j’aurais mon mot à dire en terme de projet pédagogique et alors là attention !
Enfin en attendant je fais partie de la liste officielle et, à ce titre, j’ai le droit de participer à toutes les actions du groupe de parents d’élèves comme : devoir remplir régulièrement un doodle, recevoir 26 réponses à chaque nouveau mail d’information, en fait plutôt 35 parce qu’il y en a toujours 4 ou 5 qui l’envoient 2 fois, se créer une nouvelle signature sur le gmail “Fabienne, maman de petit dernier CP3” et ne pas se planter et l’envoyer avec mes CV de candidatures boulot, et enfin, c’est mettre sous pli pour les élections.
C’est comme ça que je me suis retrouvée, avec une petite dizaine d’autres parents, un soir de la semaine dernière à l’école pour remplir consciencieusement 848 enveloppes de tracts et d’autres enveloppes. Ça, c’est de l’abnégation.
Tous assis sur nos petits bancs dans une classe vidée de ses occupants, on s’est réparti la tâche tout ça en se connaissant depuis environ 3 minutes dont 2 passées à courir en transpirant dans les escaliers pour la trouver la classe.
Dans le groupe il y a ceux qui étaient déjà là avant, ils gèrent, ils sont pas suppléants eux ils sont titulaires, ils ont 1247 Doodle à leur actif et ils connaissent tout le monde et toute la topographie de l’école. Eux ils vont organiser la mise sous pli et superviser, ils iront aussi faire les photocopies s’il manque des trucs parce qu’ils savent où est le photocopieur et toi tu risques de nouveau de transpirer en courant dans l’escalier. Après, il y a nous, les 4 nouveaux parents, en nage, un peu rouges, on se présente, on dit qui sont les instits de nos enfants, on récolte des phrases courtes qui font peur “ah il a Rodolphe, ouais bon ben c’est Rodolphe hein, moi personnellement aucun problème”.
Ensuite on nous explique ce qu’il faut mettre dans les enveloppes, on se dépêche, on se coupe tous un peu les doigts sur le papier, on fait gaffe aux taches de sang parce que ça risque de pas faire super envie l’enveloppe tâchée de sang dans le carnet de correspondance. Pendant ce temps-là les titulaires font les paquets de 10, je voudrais pas dire mais ça a l’air moins chiant, ils sont assis autour d’une table et rigolent pendant qu’on est accroupis le dos cassé sur nos bancs avec nos petits tas de trucs à mettre dans l’enveloppe par terre. En plus on a tous Rodolphe pour nos mômes donc on est en semi-dépression depuis qu’ils nous ont parlé. Je rêve d’un gros Martini (oui je suis vieille) et le seul truc à ma portée est une demi-bouteille en plastoc avec de l’eau de peintures mélangées.
Tout d’un coup le drame, il n’y a pas assez de listes imprimées. Après un débat hyper conséquent à base de “mais t’es sûre y’en n’a plus, qui était chargé de l’impression ? C’est dingue ça, et il est où le massicot ?”, il semble évident qu’il ne sera proposé à aucun nouveau parent d’aller massicoter ses petits doigts sanguinolents, c’est un taf de titulaire. On attend donc, je tente un “alors toi aussi ta fille est chez Rodolphe ?” auprès de ma voisine directe, elle me murmure un “ben oui” tétanisé. J’essaye de relancer sur les nouveaux rythmes pour mettre l’ambiance, je récolte 2/3 sales regards et un silence plombant. Bon, bon, bon…
1h15 plus tard, nos 848 enveloppes sont prêtes, les titulaires nous “libèrent” à grands coups de remerciements et d’encouragements pour l’ensemble des tâches qui nous attendent cette année, j’ai 2 coupures et un lumbago et l’impression qu’on va pas trop rigoler cette année, et pas seulement à cause de Rodolphe.
Depuis cette réunion, j’ai été invitée à 2 nouveaux doodle, un parent a menacé de se désister parce que son nom était mal orthographié sur la liste et j’ai reçu exactement 43 mails afin de savoir qui apportait des thermos le jour des élections. Je repense avec nostalgie à quand je n’étais rien qu’un parent qui déposait son fils, sifflait le café d’accueil, boulottait les palmitos et se cassait pépère…
Je me marre ! C’est tellement ça. Les mails je crois que c’est le pire… on en use et abuse. Mais stop, j’arrête ici parce que quand même, respect. L’investissement des parents est devenu si rare que même un mail en doublon peut être pardonnable ;-).
J’ai calculé le pourcentage de parents présents lors de la dernière AG de l’association de parents d’élève, en prenant une moyenne de 2 enfants scolarisés par famille et en comptant les maitresses présents (étant également parents), nous sommes arrivés à la triste conclusion des « même pas » 7%… (j’ai même du poser une division, comme à l’ancienne pour le calcul).
Et m… je bois du Martini !
Je te souhaite une belle aventure de parent ELU !
1er conseil d’école hier soir, regrets éternels…
Je l’ai fait une année. Ce fut la première et la dernière. L’enfournage d’enveloppes à la chaîne, fait aussi. On ne m’y reprendra plus.
Voilà, même conclusion sauf que nous sommes SEULEMENT en novembre
Une seule chose à dire bravo Madame la suppléante ! (Dixit la responsable des parents d’élèves qui menace les parents pour avoir assez de membres sur les listes)
J’ai été déléguée, longtemps. Autant de temps que mes enfants ont fréquenté l’école du village (32 élèves répartis dans 2 classes, 2 délégués et 2 suppléants qui ségeaient tous, élus à 100%) avant que celle-ci ne ferme (6 ans, donc). Evidemment, au nouveau RPI, ils ont voulu me mettre le grappin dessus. J’ai dit non, j’ai dit je laisse cette joie à d’autres. Et, poussant la rébellion, je ne vote plus, vu que je ne les connais plus, au gros RPI dont on ne voulait pas. Ne me dis rien, je sais que c’est très mal.
Mais tu as un don pour nous vendre du rêve 🙂 je l’ai été 4 ans mais sur une liste indépendante et je n’ai jamais eu ça à faire, juste des photocopies de temps en temps et assister aux réunions, ça c’est plutôt bien passé… par contre les mails envoyés à tous et répondus à tous même quand ça en concernait pas tous, ça ne me manque pas du tout ! aïe les coupures de papier, les traitresses, les pires !
J’ai juste envie de dire bon courage pour cette année mais aussi bravo pour ton investissement dans l’école !
Je ne suis ni titulaire, ni suppléante mais quand il faut se bouger pour l’école de mes enfants, je suis présente !
Bienvenue dans ce microcosme, la mise sous pli, l’avenue du bureau de vote, cela fait 5 ans que je m’y colle… Cette année je suis suppléante… Marre de m’y coller à chaque conseil d’école !