J’aime plus les soirées

serpentins

Pourquoi j’aime plus les soirées ?
Je me souviens d’une époque, où j’ignorais même l’existence du mot nullipare, où l’essentiel de mon vendredi et, au pire, une grande partie de mon samedi était consacrée à trouver une fête désespérément. Je téléphonais à environ 25 personnes (c’est aujourd’hui, je pense, le nombre total de contacts dans mon tel), tentais d’en soudoyer directement une dizaine et finissais généralement avec une adresse, un code et une bouteille de Malibu devant la porte d’un Stéphane ou d’une Valérie à qui j’indiquais, avec mes 3 copines, être une copine de Valérie, ou Stéphane, selon le cas. La semaine finissait en beauté, je pourrai dire le lundi que j’étais à une fête, que j’avais une vie, certains m’envieraient : le pied.
Que s’est-il passé pour qu’aujourd’hui la simple idée d’une fête me fasse chercher frénétiquement un symptôme viral chez un de mes enfants pour avoir une excuse à donner ?

Je pointe d’abord du doigt les 10 séminaires de la boîte à cons : y’a t’il quelque chose de pire qu’une fête obligatoire avec tes collègues ? Je ne crois pas. 10 ans à tenir les cheveux de Céline du service d’à côté pendant qu’elle vomit, la coller dans un taxi avec 10 euros qu’elle ne rendra jamais (10 ans hein ?). 10 ans à consoler Claudine de la compta qui chiale dés 23h en secouant la tête en disant “c’est rien non, mais non c’est rien”. 10 ans à supporter les blagues pourries de Jean-Phi, mon manager direct et à éviter de danser avec lui en rock pourave le seul morceau écoutable de la soirée. 10 ans enfin à devoir faire comme si tu n’avais pas vu X et Y, indubitablement mariés ailleurs, niquer dans l’escalier en soufflant comme des bûcherons et la DG danser sur le bar avec la culotte à la main, et ce pendant les 364 autres jours de l’année.

J’incrimine également le nombre absolument effarant de DJ de merde qui s’autonominent ambianceurs de fou et qui torpillent des bonnes petites soirées directement dans le saladier de mauvais punch. Je pense à ceux qui hochent la tête en battant la mesure avec l’index devant l’ordi en te mettant Sex machine qui est quand même, on va se l’avouer, le morceau qui ne fait triper que des gens dont le taux d’alcoolémie frôle la consommation annuelle de l’Ukraine. Je pense à ceux qui refusent de laisser la place au bout de 6 morceaux inconnus, mais sur lesquels ils font la guitare avec les mains. Je pense aussi à ceux qui baissent le son pour qu’on chante, si possible sur les démons de minuit, ou Louxor j’adore, tellement on s’y attend pas.

Et puis il y a tout ce que je regardais hier soir et qui ne me fait même plus rire : le mec qui picole dés 20h30, bourré à 22, qui danse en faisant des ronds, souvent en chemisette et qui pionce sur un canapé après avoir parlé à tout le monde à moins de 2 cm des visages en postillonnant (Ebola, ebola). Les filles mortes de faim qui vont réclamer de la salsa ou du zouk au DJ (se référer au paragraphe précédent) toutes les 5 minutes et qui vont finir en se contorsionnant plus ou moins habilement devant de pauvres garçons médusés et qui se demandent déjà comment ils vont bien pouvoir se barrer de chez elles sans filer leur numéro demain matin. Les vieux copains boute-en-train qui veulent absolument que tu viennes danser et qui t’appellent en hurlant, viennent te chercher, te tirent le bras, te déboîtent l’épaule, te crient les paroles dans l’oreille, mais auxquels tu n’oses pas dire que tu peux pas saquer cette chanson et que c’est pas ça les paroles. Les gens qui veulent absolument te tenir une conversation normale et avec lesquels tu te retrouves à hurler des considérations anesthésiantes sur le double vitrage pendant que les gens ont entamé une chenille autour de toi.

En fait les soirées que je préfère, ce sont les miennes, en toute humilité. La musique est trop bien, mon mec est un DJ d’anthologie, les invités sont classes, y’a à bouffer même à 4h, c’est juste que j’en fais plus. Peut-être parce que mon salon ressemble à une succursale d’oxybul éveil et jeux, ma cuisine à la cantine du club mickey, que mes dernières playlists deezer s’appellent “Disney et autres naineries” et “chansons de super héros” et ma dernière vidéo vue sur youtube c’est Funny bear, l’ours en slip.

Crédit photo : Stop drinking Association