Quand (moi aussi) j’étais petite.

Comme j’avais super pas d’idée pour un article inaugural d’un nouveau blog, je me suis pas trop trop creusé la binette et j’ai sauté sur l’occasion de faire un billet réponse, suite au billet de Sabine et associés, « Quand j’étais petite ».

Sache, toi qui me lis pas encore vu que c’est le premier article, que déjà j’ai passé une bonne partie de mon enfance persuadée d’être anormale, de voir des choses qui n’existaient pas, éternelle incomprise dans un monde bien trop terre à terre pour moi. Oui, rien que ça. Quelle ne fut donc pas ma surprise, ma joie, que dis-je, mon soulagement ! à la lecture de ce fameux billet ! Non, je n’étais pas la seule à ne pas parvenir à voir une voiture qui dérape sur ce maudit panneau.

(cui-là, attends ça vient)

704789_tri_lx3_city_1000_cl2_a4 (voilà)

Sur ce panneau-là, j’ai toujours vu Snoopy. Avec un bonnet et une écharpe. Et j’avais beau retourner le truc dans tous les sens, y’avait pas moyen de voir autre chose. Aujourd’hui encore, je me dis que c’est quand même foutrement évident que c’est Snoopy !

Du coup, j’ai essayé de repenser aux autres trucs que je croyais quand j’étais petite.

Quand j’étais petite je croyais que l’expression pour dire que quelque chose était cher était que ça coûtait « les yeux de la terre ». Un jour, j’ai appris qu’en fait c’était les yeux de la tête, et j’ai trouvé ça vachement moins poétique quand même. Je suis toujours hyper déçue, parce que quand même, les yeux de la terre c’est quand même super plus parlant. Et je dis 3 fois quand même dans la même phrase si je veux. Quand même.

Quand j’étais petite je croyais que les récipients en plastique qu’utilisait ma mère en cuisine s’appelaient des « tupairvoires ». Comme un bol, une assiette ou une casserole, un récipient en plastoc c’était un tupairvoire. J’ai capté bieeeeeeen plus tard, je devais avoir 20 ans, et je me suis sentie seule au monde. Du coup maintenant j’essaie de bien faire gaffe à dire « teupeurwèèèère ».

Quand j’étais petite je croyais que pour écrire il fallait simplement poser son stylo sur une feuille et faire bouger l’autre bout du stylo. Parce que quand je voyais les adultes le faire, ils arrivaient à écrire. Du coup je tenais mon stylo dans la main droite, bien posé sur ma feuille, et avec la gauche je faisais bouger l’autre bout. Je comprenais vraiment pas pourquoi avec autant de bonne volonté ça voulait quand même pas fonctionner.

Quand j’étais petite j’étais persuadée que je savais voler. Il suffisait de sauter un peu en l’air et en retombant j’allais simplement flotter là comme ça au-dessus du sol. Aujourd’hui, à 35 ans, je rêve encore très souvent que je m’élance en avant, que je flotte, et qu’il me suffit de battre des bras et des jambes pour m’élever.

Quand j’étais petite j’avais des petits soucis de vocabulaire. Je pensais que « raciste » ça voulait dire « qui n’aime pas les Noirs », et que « nègre » ça voulait dire « qui n’est pas raciste ». Je me souviens très très bien de cette conversation dans la salle de bains avec ma cousine, et me marre à l’idée que quelqu’un ait pu nous surprendre :

– t’es raciste toi ?

– non pas du tout

– non, moi non plus. Je suis nègre.

– nègre ?

– oui, pas raciste quoi.

– ah oui ! oui voilà t’as raison, moi aussi je suis nègre.

Enfin, quand j’étais petite, j’étais certaine que je savais parler aux animaux. Je comprenais super bien ma chienne, par télépathie. Mes parents me croyaient pas, mais elle et moi on savait bien.

Depuis, ça va. J’ai grandi. (et arrêté la drogue)

I believe I can flyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !!!!

Ouiche Lorraine