Vol au dessus d’un nid de cul-culs

méditative

Au départ, je venais pour un cours de danse africaine.

Sauf que je me suis trompée de jour, et ce soir là c’est un cours de « Danse des 5 rythmes ».

Kézako ?

La prof m’explique qu’il s’agit d’une « Danse libre » qui permet de « se reconnecter avec ses sensations, ses émotions », bref, « son être intérieur ». Il n’y a pas de chorégraphie, chacun fait ce qu’il veut.

Je prends l’air à peine circonspecte et dis que moi c’est pas trop mon truc le lâcher prise tout ça. Si on ne me dit pas quoi faire je ne fais rien. Lire la suite

Problèmes existentiels

The-Unseen-Underwater-Portraits-3

Terminer un tube de dentifrice me procure un plaisir immense.
L’enrouler chaque jour un peu plus pour être bien sure de tout utiliser.
Surtout ne rien laisser.
Certains jours j’ai des fausses joies.
Je me dis ayé, c’est pour aujourd’hui. Alors que depuis plusieurs jours j’appuie dessus comme une dingue pour faire sortir tout ce qui reste, je sens que je suis enfin au bout du bout du tube. Je vais pouvoir le reboucher et le jeter.
Et ressentir cette satisfaction du tube vide.
Et pouvoir passer sereinement au tube neuf.
Mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite.
J’ai toujours l’impression qu’il en reste, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Alors je le repose dans mon verre à dents, un peu déçue, avec le secret espoir que ça sera pour ce soir.
Imaginez mon bonheur quand je termine un gros baril de lessive ou un rouge à lèvre.
J’exulte.
Pour le mascara c’est chiant on n’est jamais sûre. Il en reste toujours un peu, même s’il est tout sec. C’est le dilemme. Commencer le neuf sans avoir terminé l’autre, et sans oser le jeter non plus. Quand je me retrouve plusieurs jours d’affilée avec des grosses boulettes de mascara desséché collées sur les cils et que je mets en péril mon boulot et ma vie sociale je me décide à passer au nouveau.
Je ne suis pas complètement folle quand même.
Mais c’est dur.
Et je garde le vieux au cas où. Merde il en reste je ne vais pas le jeter quand même.
Alors ça s’entasse. J’en ai plein les placards.
Pis ya le vernis.
Mon angoisse.
Qui a déjà terminé COMPLETEMENT un vernis??
Qu’il parle aujourd’hui ou se taise à jamais.
Le vernis est inlassablement trop épais au bout de quelques semaines.
Qu’est-ce qu’on peut y faire? J’y verse des liquides divers pour tenter de le refluidifier : de l’eau, du dissolvant, du démaquillant. Avec des résultats souvent mitigés. Mais plutôt mourir que de les jeter alors qu’il en reste la moitié, voire les trois quarts. Voila. C’est comme ça. J’aime finir les trucs, les jeter, faire place nette et ouvrir un truc neuf.

A l’inverse, c’est souvent les trucs qu’il n’y a plus ou presque plus dans les magasins qui me font envie. Je peux flâner dans les rayons, regarder vaguement un tee-shirt, chercher ma taille, me rendre compte qu’il n’y en a plus. Et ressentir soudain un vif intérêt pour ledit article. Puisque je ne peux pas l’avoir je le trouve formidable. Et d’ailleurs s’il n’y a plus ma taille c’est que plein d’autres filles ont dû l’acheter. Ce tee-shirt a toutes les raisons d’être génial.
Quand une fille s’intéresse à un article en rayon, j’ai envie d’aller voir moi-aussi. Si elle le repose, je le repose. Par contre si elle prend le dernier, j’ai envie de lui péter la gueule pour pouvoir le récupérer. Je le veux à tout prix.
Quand j’arrive devant les cabines, je lorgne systématiquement sur ce que vont essayer mes congénères, et je trouve toujours que ce qu’elles ont choisi est mieux.
En général je repars en reposant tout. Je suis un véritable calvaire pour les vendeuses qui me lancent un sourire constipé quand je rends les 7 articles essayés.
Je suis capable de partir en quête d’une fringue qui m’est passée sous le nez en déambulant dans Paris à la recherche de TOUS les magasins de la marque jusqu’à trouver la super fringue en question. A force d’efforts je finis par trouver. Et s’il y en a pleins dans ma taille, je le trouve moins bien tendance nul. Et je le repose.

Voilà, et à part ça, ça va.

Crédit  photo : Lara Zankoul site portfolio magnifique à consulter d’urgence

 

 

 

Au milieu du gué

Sandro-Giordano-chute

Je souhaiterais aborder un thème que l’on appelle communément, en anglais (pour se la péter un peu), la « Middle Life Crisis » (oui je mets des majuscules partout parce que c’est important).

Ça sonne bien je voulais l’avoir ça avait l’air cool ce truc. Bon en français c’est la crise de la quarantaine et tout de suite ça fait moins rêver.
Ca fait souvent ça avec les mots anglais.
En tout cas je sens que j’y vais, lentement mais surement. J’ai pris le petit train qui va m’y amener peinard. Je suis cuite.
Pour moi c’est ce moment où tu réalises qu’entre la vie de rêve que tu t’étais imaginée, et la vraie vie que t’as, ya comme des p´tits décalages.

Quand t’as la vingtaine tu ne te préoccupes pas trop de la vie que tu auras. Tu profites, tu prends des cuites, tu vomis entre deux voitures, tu vas en cours quand tu peux et tu essaies de rouler un max de pelles. Quand t’as la trentaine tu perds un peu de ton insouciance tendance débile, mais tu es sereine, tu crois que tout est encore possible.

Et à l’approche de la quarantaine, ton horloge biologique sonne tic-tac, un matin tu te lèves et les premiers signes du temps te sautent à la gueule devant ton miroir, ton boulot depuis plusieurs années, toujours le même, ne t’exalte plus autant qu’avant et l’angoisse commence à pointer son nez. Le meilleur serait-il derrière moi ? Tu te sens basculer du côté obscur. Tu es coincée dans un bocal de formol, comme cryogénisée.
Alors certains diront « ce n’est pas la destination qui compte, l’important c’est le chemin ». Ouais ok. Et la vie est amour et mon cul sur la commode. Merde ok le chemin c’est sympa, mais bon le résultat ça compte quand même. C’est un peu comme dire l’important c’est pas de gagner au loto, c’est de jouer.
Alors voilà, quand tu approches de la quarantaine, tu sens bien que l’étau se resserre. Les études passionnantes que tu voulais suivre. La carrière que tu t’étais imaginée mériter, ton gentil mari et tous tes jolis enfants qui devaient courir les cheveux au vent dans l’immense terrain devant ta belle maison, avec quelques chevaux qui broutent au loin. Tous ces voyages autour du monde, ces livres que tu pensais écrire.
T’as beau chercher tout ça, devant derrière dessous, tu les vois pas. Tu observes les décalages, comme des trous dans le plancher. Par endroit ça va tu trouves qu’au final tu ne t’en sors pas trop mal. A d’autres tu vois carrément des gouffres, c’est abyssal. Ca te file le vertige. Tu te demandes à quel moment t’as merdé. Pourquoi t’as fait une embardée et terminé dans le fossé, plutôt que de gérer le virage à l’aise, souple dans les genoux.
C’est comme les champions de ski qui loupent une porte. Parfois ça se joue à pas grand-chose. Des études qu’on choisit pour faire comme papa maman, ce boulot qu’on accepte par peur de ne pas trouver mieux, ce petit confort qui s’installe. Cet amoureux qu’on choisit en réaction à ses vieux démons de l’enfance. Et ça s’enchaine comme ça. T’avais l’impression de contrôler pourtant.
Avant je me disais c’est rien, j’apprends, je grandis.
Maintenant il va falloir gérer la seconde partie de cette vie en colmatant les brèches, en essayant de faire les bons choix, dans les créneaux encore possibles, pour pas finir congelée.

Photo : série « Les chutes improbables » de Sandro Giordano

Sans les dents

les vieux

Ils sont là, tous les deux, assis dans le canapé du salon.
La pendule au-dessus de la vieille commode affiche 15h32. Son tic-tac est rassurant.
Ils se réveillent de leur sieste et regardent la télé.
Peu importe l’émission, leur esprit flotte vaguement au-dessus des images. Les voix sont une présence qui vient briser le silence.
Le téléphone sonne. Raymond tente de se lever.
Il remarque un truc noir posé sur la table basse devant lui. Il n’a finalement qu’à décoller légèrement ses fesses du canapé pour l’attraper.
Il prend l’appareil et le colle à son oreille.

« Allo… allo ».

Il appuie sur tous les boutons. Rien ne se passe.
« Oh, mais qui c’est à la fin ».
La télécommande de la télé qu’il tient fermement à son oreille n’émet aucun son.
La scène est caustique. Personne ne rit.
Il la repose maladroitement sur la table. Elle tombe, mais il n’a pas le courage de la ramasser.

Le téléphone sonne à nouveau.

« Louise, va répondre toi ».
« Mais qui c’est ?! ».

Pas de réaction. Louise est fatiguée, vidée de ses forces.
Ils se regardent sans qu’aucun des deux ne se décide à se lever.

Le téléphone sonne une troisième fois.

Cette fois Raymond essaie de prendre appui sur l’accoudoir du canapé. Première tentative ratée, il retombe lourdement et ses fesses semblent s’enfoncer profondément dans les coussins trop mous.
Il attrape sa canne, rassemble ses forces et parvient à prendre équilibre sur un pied, puis deux. Il avance à petits pas jusqu’au téléphone. Ses chaussons glissent de quelques centimètres à chaque foulée comme s’ils étaient cloués au sol.

La dernière sonnerie retentit. Il est trop tard, l’interlocuteur a raccroché.

Ils attendent le reste de l’après-midi que le téléphone sonne, en vain.
Ils se demandent qui a bien pu chercher à les joindre et cette question alimente leur discussion jusqu’au soir.
Au moins ils se parlent aujourd’hui.

Il est 18h, Anne-Marie arrive pour préparer le repas et donner les médicaments.
« Bonjour comment allez-vous ? ».
« Ca va ça va ».
Elle n’ose pas leur demander ce qu’ils ont fait aujourd’hui.
Raymond sent un peu l’urine. Elle lui propose de changer de vêtements pour se « sentir bien au frais ».
Il refuse, catégorique.
Anne-Marie fait la discussion. Parle de tout, de rien. Surtout de rien.
Elle est d’une gentillesse et d’une douceur incroyables.

Dîner leur prend un temps fou, comme tout le reste.
Anne-Marie débarrasse pendant qu’ils mangent leur dessert.
Ils se font face sur la petite table en formica. Raymond passe à Louise la pomme qu’elle lui demande. La pomme lui échappe des mains et roule sur la table. Ils la suivent tous les deux des yeux. Ils se regardent. Personne ne bouge. C’est à peine s’ils osent respirer. La pomme hésite à continuer sa fuite et finit par tomber sur le sol. Elle roule lentement jusqu’au pied de la commode.
Petit moment de vide dans leur existence sans goût.

Vers 19h30 Anne-Marie les accompagne jusqu’à la chambre.
Elle prépare les pyjamas et les aide à se déshabiller.
Raymond était gêné au début, surtout quand elle lui a mis une couche pour la première fois, en continuant de lui parler de la pluie et du beau temps.
Ça n’a plus d’importance maintenant.

Il est 20h, Anne-Marie ferme les volets avant de partir.
Ils seront dans le noir jusqu’à ce que Stéphanie arrive demain matin pour les habiller et les faire déjeuner à 8h.

Alors une nouvelle journée commencera, identique à la veille, en attendant la dernière.

 

 

Crédit Photo : Shoot For Colors Of 2015 – Anna Malin

Survivre en milieu humide

piscine pied de biche

Ce week-end j’ai vécu une expérience extrême. Certains font du saut en parachute, du rafting ou de l’apnée. Moi je me suis lancé un défi ultime : aller à la piscine à Paris un samedi matin.

Je sais je suis un peu dingue, je ne sais pas trop ce qui m’a pris. L’inconscience sûrement.

J’ai d’abord du retrouver l’équipement de rigueur. La mission a commencé par trouver un maillot toujours à ma taille. Je ne sais pas pourquoi, mais mes slips de maillot ont une fâcheuse tendance à se détendre. Pourtant je suis certaine que mon cul ne rétrécit pas d’une année sur l’autre. C’est un phénomène que je ne m’explique pas.

Ayé j’ai tout : bonnet de bain et lunettes, serviette de bain, gel douche et paire de tongs. Me voilà fin prête pour affronter l’épreuve. J’ai hâte.

La queue devant la piscine est immense. Ça n’avance pas. Nous arborons tous un air mi content, mi-angoissé.

J’y suis, j’ai mon ticket. Je ne comprends pas du premier coup comment le valider dans le tourniquet, mais je garde l’air faussement détendu.
Je cherche une cabine. Elles sont toutes occupées.
J’en trouve une. Des poils et des cheveux traînent au sol.
Premier exercice d’équilibre pour tenter de m’équiper sans poser un pied par terre, tout ça dans une cabine qui doit faire 1 mètre carré.
J’enfile tant bien que mal mon haut à ma taille, et mon bas trop grand. J’essaie de mettre mon bonnet de bain. J’ai l’impression de plonger ma tête dans un préservatif trop petit.
Je ne suis pas fière de mon look, mais je me lance et sors avec toutes mes affaires sous le bras, à la recherche d’un casier de consigne.
Il faut en choisir un, puis courir au clavier numérique le bloquer, sans traîner sinon ça capote.
Jusque là tout va bien.

J’arrive près du bassin, mon slip trop grand me rentre un peu dans la raie.
Je jette un regard dans l’eau. Il doit y avoir près d’une centaine de personnes qui flottent.
Je m’en fous j’y vais. L’eau est un peu froide. J’enfile mes lunettes et mon look de mouche est parfait.
J’hésite entre la ligne « nage lente » et « nage moyenne ». J’ai confiance je vais dans la file moyenne.
J’essaie de m’intercaler entre les dizaines de personnes qui se suivent à la queue leu leu.
Comme un p’tit train géant.
Je constate dès la première brasse que sous la pression de mon coup de talon au départ mon slip trop grand tente de se désolidariser de mon cul.
Second problème. La personne devant moi va trop doucement, celle derrière trop vite.
Surtout que celle derrière s’est lancée dans un dos crawlé et ne me voit pas.
Je sens ses mains qui effleurent mes mollets à chaque brasse, quand j’ai presque la tête dans le cul de celle de devant. Et je n’aime pas les contacts physiques avec les inconnus.
Je nage crispée, surtout que je perds littéralement mon slip. Je le tiens d’une main, et nager la brasse d’une main, c’est carrément pas pratique, sauf si tu aimes nager en rond sur place. Mais là je sens que l’ambiance ne s’y prête pas.
Le monsieur derrière nage quasiment sur moi maintenant.
Mes lunettes ne font pas bien ventouses, elles prennent l’eau. J’ai la pupille qui flotte et je n’y vois plus rien. Si je tente de m’arrêter pour les remettre le nageur derrière va me passer dessus c’est sur. Je vais me noyer.
Je lâche prise sur le slip et me concentre sur mon rythme les yeux clos dans mes lunettes.
Contre toute attente, j’arrive vivante au bout de ma ligne.
Je tente la ligne retour. Le monsieur derrière n’en peut visiblement plus et décide de me dépasser. Sauf qu’avec les gens qui arrivent en face à 3 en largeur ça ne passera jamais. J’ai peur.
Le mec s’en fout, c’est un warrior. Il se lance dans un crawl de désespoir hyper rapide. J’ai l’impression qu’il est en mission, un genre de Koh Lanta il doit arriver au plus vite, pour sauver quelqu’un. Pas grave si au passage il me pète le nez. Car il m’a incrusté mes lunettes dans le nez avec son coup de pied.

Je n’en peux plus, je ravale mon orgueil et rejoins la ligne « nage lente ».
Des mamies flottent. On ne sait pas bien si elles sont sur le ventre ou sur le dos. Elles arborent des maillots en nappe bultex parfaitement assortis à leur bonnet.
Je me détends un peu, le rythme moyen frôle les 3 km/h.
Mes lunettes sont en place. Mon maillot tient à peu près le coup. J’ausculte le fond de la piscine, je n’ai que ça à faire. Je remarque alors tous ces trucs en suspension, du vieux pansement en passant pas d’autres choses que je préfère ne pas chercher à identifier précisément.

Je prends une petite planche en mousse et fait des battements. Je suis bien.

Mais qu’est-ce que je me fais chier.

Au bout de 15 minutes, j’arrive au bout de ma ligne et croise le regard lubrique d’un vieux monsieur (au slip trop petit, comment fait-il). Il semble content que je sois venue baisser la moyenne d’âge de la ligne.
Je tente un retour en dos crawlé.
Je ne vais pas droit et j’ai peur de foncer dans quelqu’un. Je jette des regards nerveux vers l’arrière pour tenter d’éviter les mamies qui flottent, et surtout ne pas me prendre le mur à l’arrivée. C’était sans compter le slip humide au contenu mou du monsieur planté au bout de la ligne qui a naturellement amorti mon arrivée. Rire un peu gêné.

J’ai mon compte. Je sors.

C’est trop pour moi, je ne suis pas prête.
La semaine prochaine, je tente l’expo à Paris un dimanche. Youhouu

Les sites de rencontres ou comment adopter un dépressif

adopte

Maman fraîchement célibataire, il a fallu penser à ma « vie de femme », ce qui n’était pas une mince affaire dans mon contexte et mon état ambiance post-partum.
Je me suis lancée dans la merveilleuse aventure des sites de rencontres.
Et voici comment je me suis sorti la tête de mes préoccupations couches, vomi, mouche bébé.

Sans transition.

Prologue, la drague en ligne

C’est comme un grand supermarché. Tous ces hommes à portée de clic, ça fait un peu tourner la tête. Sauf que tu te rends rapidement compte que l’ambiance est plus Lidl que Les Galeries Lafayette.

Il y en a des centaines, c’est impressionnant ce flot de célibataires.

Tu consultes les fiches et fais de grandes découvertes. Ainsi tu apprends que beaucoup d’hommes se plaisent à poser en photo sur un engin à moteur, imaginant peut-être que la vue de la grosse machine viendra exciter la galinette.

Certains s’exhibent à côté d’une fille (floutée, quand même), pendue à leur cou. Ils pensent sûrement que si le produit a plu par le passé ça doit suffire à te donner envie.

Les photos sont une réserve de trésors. Il y en a pour tous les goûts. Surtout les mauvais.

Pas mal de types posent bodybuildés et huilés devant leur miroir de salle de bain.
L’homme veut montrer qu’il est musclé et que tu ne vas pas le regretter.
D’autres sont accoutrés de déguisements plus ou moins ridicules en mode jour de l’an (costume de canard, Zoro, Casimir…). L’homme sait rire parfois.
Enfin, certains sont assis sur un rocher ou une plage et regardent, l’air absorbé, vers l’horizon.
L’homme est mystérieux et se perd dans ses pensées.

Puis tu te plonges dans les « textes » et tu n’es pas au bout de tes surprises.
Ainsi, l’homme, contre toute attente, aime l’humour (« je ris beaucoup, car l’humour est important »), l’homme aime aussi vivre (« vivre est ce qu’il y a de plus beau au monde, la plupart des gens existent, c’est tout »), l’homme ne se prend pas la tête et a des centres d’intérêt palpitants (« Je suis un homme qui ne se prend pas la tête, qui profite de chaque instant, qui aime sortir, boire un verre, aller en soirée, au cinéma, au restaurant, en boîte »).

L’homme a parfois une relation compliquée avec la ponctuation, et avec l’orthographe en général (« si tu ai sympathique ,rigolote et que tu ne te prend pas la tête appelle moi » ou encore « Simple, pas de prise de tete, belle, sportif, franc, debrouillarde, qui prend soin d’elle, drole, gentille et Culote ! », ainsi les puristes de l’orthographe se demanderont si le jeune homme est au final à la recherche d’une personne du sexe féminin, ou autre. Quant au « culote » de la fin, je reste encore interdite).

Beaucoup d’entre eux considèrent que la chose la plus importante, c’est le feeling, qui « fera le reste ».

Certains affichent ouvertement qu’ils sont là pour une rencontre extra-conjugale (« Théo 39ans Paris 17. Vivant en couple.. vous l’aurez compris, ne cherchant que bulles amusantes ludiques, érotiques…”).

Bien bien bien.

Coeur du sujet, la rencontre

Il faut faire un gros travail de tri. Et même après le tri, on n’est pas à l’abri de surprises.
Vous pouvez ainsi souvent constater que l’homme que vous rencontrez a connu une désaffection capillaire plus ou moins brutale rapport au nombre de cheveux en moins en comparaison avec sa photo.
En revanche il a souvent connu une recrudescence de gras, c’est l’hiver.

Je vais vous épargner le récit des rencontres qui se passent bien et vous parler des rencontres « moments de solitude ».

Le phobique social 

Il déchiquette nerveusement sa serviette en papier en lançant des coups d’oeil furtifs autour de lui comme s’il craignait une attaque de zombies. Il ne croise jamais votre regard.
Il mange tout le pain de la corbeille.
Il finit par vous avouer qu’il est très stressé (sans déconner ?!), qu’il est « phobique social », qu’il est en analyse depuis 10 ans (visiblement un échec).
Il se ressert souvent du vin, et une fois soul, il vous donne des détails hyper intimes de sa vie du genre « nan, mais moi ma mère est sculpteur, j’ai été élevée au milieu des courbes, des formes, tout en rondeur. Du coup je n’aime que les grosses blondes, à forte poitrine » (je précise que je suis brune et mince, mais ça n’a plus vraiment d’importance, à ce stade).

Le gars moche qui te saute dessus 

Après quelques échanges de mails il vous téléphone.
Il a une voix suave et vous vous imaginez déjà en train de boire un verre avec Georges Clooney dans un cadre idyllique. Il vous dit qu’il est coincé chez lui car ses voisins doivent lui déposer un jeu de clés avant leur départ en vacances. Il vous demande si plutôt que de se retrouver dans un café, vous ne pouvez pas passer chez lui boire un verre.
Vous êtes en confiance vous dites oui (vous êtes un peu con).
Quand même vous demandez à ce qu’il descende vous chercher en bas de son immeuble. Au cas où il vous ferait trop flipper, vous auriez la possibilité de vous barrer.
Il descend vous chercher en bas de son immeuble. Il ne vous fait pas flipper au sens PEUR, mais il vous fait flipper au sens il ressemble à Quasimodo en pire.
Vous vous dites merde je vais pas lui dire t’es trop moche je monte pas. Vous avez de l’empathie. Vous montez.
Son petit salon de 8 m2 n’est pas le cadre idyllique que vous aviez imaginé.
Il vous sert un p’tit verre de mousseux pour vous mettre à l’aise.
Vous discutez, il est sympa (il n’a pas trop le choix, rapport à son physique).
Après 1h de discussion, vous dites que vous devez rejoindre une copine (c’est vrai). Vous vous levez.
Et là, au moment où vous vous y attendez le moins, alors que vous essayez de mettre la 2ème manche de votre manteau, il se jette sur vous et vous colle contre sa porte d’entrée.
Vous êtes un peu sonnée, vous ne réagissez pas tout de suite (d’autant que vous n’avez pas complètement enfilé votre 2ème manche).
Il en profite pour vous mettre son genou entre les jambes et tente de vous attraper un sein.
Il est petit et il est presque obligé de lever un bras pour l’atteindre.
Dans un élan désespéré, il tend ses lèvres vers les vôtres, mais n’atteint pas tout à fait votre bouche.  C’est une chance. Vous le repoussez gentiment. Vous vous demandez ce que vous avez pu faire ou dire qui lui a laissé entendre qu’il y avait ouverture.
Vous réalisez qu’il mise tout sur la devise « sur un malentendu (…) ».
Vous demandez à partir, il fait une 2ème tentative et vous recolle contre la porte. Cette 2ème tentative se termine elle aussi par un échec (il vous arrive toujours au menton).
Vous commencez à vous demander s’il n’est pas complètement fou et si on ne va pas vous retrouver dans 2 mois attachée au radiateur, toute desséchée. Il vous laisse partir.
Ouf.
Vous êtes tellement contente que vous avez presque envie de l’embrasser (nan j’déconne).
Il propose de vous raccompagner. Et merde.
Vous dites nan, il insiste.
Il vous raccompagne jusqu’à la copine.
Vous avez honte que la copine vous voit avec lui et vous lui faites promettre de ne jamais en parler à personne.

Le dépressif

Il vient de terminer une thèse. Vous le questionnez sur son sujet et le regrettez aussitôt.
Vous n’y carrez quechi, mais vous essayez de prendre votre air le plus intelligent et faites semblant de vous intéresser (vous voulez faire bonne impression, vous ne savez pas encore qu’il est chiant comme la mort).
Vous posez des questions en répétant la fin de ses phrases « ah oui l’analyse des fluides micro actifs en milieu acide (…) ». Il vous explique qu’il n’a pas obtenu de poste à la fac, qu’il a un poste de prof dans un lycée pourri en province. Que sa copine l’a quitté… Qu’il est dépressif et sous cachetons.
Passé le récit de sa vie il ne vous pose pas une seule question et semble ruminer ses échecs.
Vous commencez à vous ennuyer ferme et cherchez une porte de sortie. Votre tante vient d’avoir une attaque vous allez devoir y aller.

 

Après ces rencontres j’étais sacrément contente de retrouver ma fille… normale.
Mais je ne regrette pas l’expérience, j’avais plein de trucs à raconter aux copines. Je me souviens notamment de cette fois où nous avons réalisé avec l’une d’elle avoir rencontré ce même type étrange. Comme si nous avions parlé au même mec dans un bar. Et j’en garde cette impression bizarre que les rencontres sur le net sont au final un espace un peu confiné.

Drôle de tristitude

pluie

Je suis un genre de cœur d’artichaut. Je ne perds pas une occasion de chialer un coup.
Je fais partie de ces filles qui se complaisent dans leur malheur quand elles en ont l’occasion. Et les occasions se font nombreuses quand on sait leur prêter attention. J’ai des souvenirs de moi ado, enfermée dans ma chambre, écoutant exprès des morceaux super tristes qui me rappelaient les premiers slows avec l’amoureux qui venait de me larguer (oui les slows avant ça se faisait. C’était super. Je regrette ne plus jamais avoir l’ocass’ d’en danser).
Une fois j’en ai appelé un (un amoureux, pas un slow), en larmes, reniflant dans mes mouchoirs, et je l’ai menacé de prendre un demi quart de Lexomil. Parce que vraiment j’étais trop malheureuse et il n’avait pas l’air de bien se rendre compte.

En fait, je crois que j’aime bien l’état mélancolique.

Quand j’étais petite, pendant les longs trajets en voiture pour partir en vacances avec mes parents, j’imaginais des scènes horribles en regardant par la fenêtre. Le mieux c’était quand la nuit commençait à tomber, qu’il pleuvait et que les gouttes faisaient des petites coulées sur la vitre. Ça m’inspirait. Alors je pensais que toute ma famille mourrait dans un incendie. Ma mère tendait les bras vers moi. Elle était aspirée par les flammes. Affreux. Quand on m’interrogeait sur les raisons de mes larmes j’appuyais la tête contre la fenêtre, le regard absent, et je ne disais rien. Je voulais juste qu’on me laisse pleurer tranquille.

L’autre jour j’ai proposé à ma fille de regarder « Princesse Sarah ». C’est le dessin animé le plus triste de toute la terre. Certaines (les vieilles) s’en souviennent peut-être. C’est la vie d’une petite fille super chou qui a vraiment une VDM genre déjà elle a pas de mère. Ensuite elle est dans un pensionnat avec une directrice sadique (Melle Mangin). Son père crève et plus personne ne paye le pensionnat. Elle finit par faire la bonne pour ne pas être jetée à la rue. Elle est maltraitée par la directrice et par Lavigna qui est vraiment très méchante.
Alors la fille tu te dis à un moment la roue va tourner, mais en fait nan la roue tourne jamais.
Sa vie est pourrie de A à Z et ça dure comme ça sur une cinquantaine d’épisodes.
Quand tu crois qu’elle a touché le fond ça repart de plus belle. Elle glisse sous la pluie, se défonce un genou, perd une chaussure. On lui vole sa poupée. Et elle n’a même plus de croûtes de pain à filer aux souris qui crèchent dans sa piaule pourrie…
Bref, c’est l’escalade de la lose.
Et pour couronner le tout et forcer un peu la larme qui est déjà facile chez moi il y a plein de ralentis et de passages où Sarah pleure sur une musique à base de gros violons.
Alors forcément quand j’étais petite j’adorais regarder et pleurer devant, peinarde.
C’était mon p’tit plaisir à moi. Et avec ma fille Bingo ça n’a pas loupé. Quand M. Dufarge, le professeur de français gentil qui aime bien Sarah se fait virer de l’école ça n’a fait ni une ni deux. Elle s’est mise à chialer alors que je la surveillais du coin de l’oeil.
Je l’ai vue la grosse larme à travers ses lunettes.
Et moi, même si j’ai 38 ans, j’ai la gorge qui s’est un peu serrée. De voir ma fille pleurer déjà, et puis quand même je trouvais ça injuste pour Sarah. Alors avec ma fille on s’est pris dans les bras en se disant que vraiment c’était difficile sa vie.
Et je sentais qu’on avait plaisir toutes les deux à vivre ce moment de partage de tristesse.
Ma fille est un mini cœur d’artichaut comme moi.

On s’est regardées, j’ai vu la buée sur ses lunettes, et je me suis mise à rire… et elle aussi.

Et merci

Medusa

Il y a des moments qu’on aimerait mieux oublier.
J’ai déjà parlé de ces petites situations ridicules qui ponctuent mon quotidien et dont j’aime me délecter. Il m’arrive de rire plusieurs années après rien qu’en repensant à une scène. Le comique de situation c’est mon truc. Si une fille se pète lamentablement la gueule devant moi dans la rue mon premier réflexe est de pouffer. Après seulement je me demande si elle ne s’est pas fait mal et éventuellement je vais la ramasser. J’aime regarder vidéo gag, j’avoue. J’aime les chutes et les petites scènes ridicules me font rire au plus haut point.
Dans la rue je suis à l’affût, une fermeture éclaire ouverte, une jupe légèrement coincée dans une culotte, je suis un détecteur de détail qui tue. Le summum étant le petit détail qui échappe à ceux qui semblent vouloir tout contrôler. Ils sont tout bien mis, mais parfois un petit truc leur échappe, la tâche d’œuf sur la veste ou le postillon alimentaire projeté malgré eux sur la personne en face.
Quand je me découvre un petit bout de salade coincé dans les dents le soir et que je repense à tous ces entretiens et ses sourires déployés toutes dents dehors, je suis presque un peu contente.

Il y a d’autres moments dans la vie où je me trouve ridicule. Mais ils sont d’un tout autre ordre.
Quand je rends service à quelqu’un et que c’est moi qui dis merci. Quand on me reproche un truc dont je ne suis pas responsable et que je dis pardon. Je me mets à la place de l’autre, tout le temps.
Cette tendance spontanée à ne pas vouloir m’imposer, ne pas vouloir faire de vague me poursuit depuis toujours.
Quand on m’oublie en terrasse, j’attends sans trop oser embêter ce pauvre serveur qui a l’air tellement débordé. Si mon assiette arrive froide, je prends sur moi en me disant que ce n’est pas si grave, et je ne dis rien.
Je suis celle qui n’aime pas qu’on la remarque et encore moins faire sa chieuse. J’ai toujours été admirative des gens qui font des scandales parce que le plat n’est pas conforme à ce qu’ils attendaient et qui font un esclandre dans le resto devant tout le monde.
Moi j’ai déjà vu une souris sortir des cuisines, mais encore une fois je n’ai rien dit. J’ai même fini mon assiette, un peu dégoûtée. Je ne voulais pas que le cuisinier pense que je n’avais pas aimé.
Je suis celle qui dit merci quand on ne lui tient pas la porte assez longtemps et qui finit par se la prendre dans la gueule. Celle qui dit pardon quand on lui écrase le pied.
Je me fais un peu penser à ce type dans les Bronzés (oui je sais j’ai des références). Celui qui se fait virer de sa location par Jugnot qui lui balance son scrabble par la fenêtre et dont les pièces se déversent sur sa voiture et sa femme, et qui dit avec son air benêt : « Merci beaucoup… merci»
Quand on me remercie pour un truc, je ne sais pas quoi en faire. Ça me gêne. Je finis toujours par un « non, c’est rien c’est moi ». Recevoir des remerciements, voire des compliments, n’est pas donné à tout le monde. Ça m’embarrasse. Ça peut même me faire monter les larmes.

Récemment j’ai vécu une scène des plus improbables.
Je l’ai voulue puisque j’étais consentante et j’ai même contribué à son organisation.
Je suis donc rentrée chez moi après une journée de boulot, comme tous les soirs, retrouver ma fille.
En tournant la clé dans la serrure, j’avais le cœur qui battait un peu plus vite que d’habitude.
Je les ai trouvées toutes les 2, elles se faisaient des câlins dans le salon.
Elle c’est la fille pour qui le papa de notre enfant est parti. La fille dont j’ai retrouvé les cheveux très longs et très blonds, un peu partout dans mon canapé. Elle venait chez nous alors que j’étais allée me réfugier avec mon bébé chez mes parents pour tenter de gérer ma peine.
La fille avec qui il a passé 5 ans de sa vie, sans jamais que nous soyons présentées, parce qu’il était mal à l’aise. Elle c’est la fille qui a partagé le quotidien de notre enfant pendant 5 ans, et qui est partie du jour au lendemain, pour des raisons obscures. Elle a disparu de la vie de ma fille sans dire au revoir. Elle est donc venue lui faire ses adieux chez moi, car elle ne voulait plus entendre parler de lui.
J’ai accepté que tout ça se passe chez moi, je l’ai fait pour ma fille avant tout.

Et avant qu’elle ne parte je me suis entendue lui dire « Merci ».

Crédit Photo : Silke Gerstenkorn

Ma vie sans pochette

photo ma vie sans pochette
Le week-end dernier je suis rentrée de vacances.
Gare de Lyon, 16h, une chaleur de bête et une odeur de vieux poney qui transpire sous les bras.
Transfert d’enfant au géniteur. Légère déprime. Mais ça va.
Je traîne ma valise de 18 kg à pied dans Paris pendant plus d’1h. L’idée de prendre le métro m’est insupportable.
J’arrive difficilement jusqu’à l’appart, une des roulettes de ma valise est sur le point de lâcher sous le poids des 17 kg de robe  jamais mises pendant mes vacances pluvieuses.
Je sue comme une bête. Je rentre dans l’appart, me mets en slip et m’affale dans le canapé. Soulagement.
Puis je cherche un truc dans mon sac.
Et là mon week-end, qui s’annonçait plutôt prometteur, se transforme en cauchemar.
Le drame est entré insidieusement dans ma vie.
Une pochette a disparu. Celle qui contenait mon chéquier, ma carte grise, mon permis, mes chèques vacances, etc… etc…
Angoisse qui monte. Ma vie est foutue. Envie de mourir.
Premier réflexe, utile, sain : j’allume une clope (alors que j’ai arrêté).
Je n’ai aucune meilleure idée.
Je décide ensuite de retourner mes affaires, et je cherche dans mon sac à main, sur le fauteuil, sous le fauteuil, dans mon sac, sur le fauteuil, sous le fauteuil, dans mon sac, sur le fauteuil, sous le fauteuil, dans mon sac…. Et comme ça lonnnnngtemps.
On ne sait pas, mais parfois les objets reviennent par magie à l’endroit où ils n’étaient pas 10 secondes avant, si si c’est vrai.
Puis je vide nerveusement toute ma valise, je me prends le petit doigt de pied dans une chaise.
Je pleure un peu, en slip, et je rallume une clope.
Je recommence à regarder dans mon sac, sur le fauteuil, sous le fauteuil, dans mon sac (…)
Plus j’y pense, et plus je me remémore les nombreux papiers indispensables que contenait cette pochette.
Mais j’avais programmé depuis 2 semaines de rendre au magasin un matelas gonflable dont je ne m’était pas servie pendant mes vacances trop pluvieuses et je réalise que le bon de remboursement était AUSSI dans la pochette. Je me mets alors en quête absolue de trouver une imprimante pour réimprimer le fameux bon de remboursement. Ce matelas devient ma priorité number 1. J’appelle mon père et suis prête à faire 35 bornes en voiture juste pour avoir accès à une imprimante (non, je ne pense pas au café Internet en bas de chez moi). Ca c’est de la gestion des priorités.
Le commissariat, l’opposition à la banque toussa nan nan j’y pense pas. Pour quoi faire.
Focalisation sur le détail. Incapacité à prendre de la hauteur et à voir le problème de manière globale. Telle est ma croix, sous stress, depuis toujours.
Je finis quand même par regagner un peu de lucidité et à renoncer au matelas, et je reprends les recherches dans mon sac, sur le fauteuil, sous le fauteuil.
A un moment, dans un élan désespéré, j’ai l’idée géniale de chercher la pochette dans le frigo (non non, je ne plaisante pas).
Puis je me dis que je suis folle. Puis je reprends mes recherches.
Au bout d’1 h comme ça à fumer des clopes et à explorer en boucle mon sac, sur le fauteuil, sous le fauteuil, un éclair fait surface et embrase un neurone hyper stressé qui trainait par là. Je sors et me décide à aller au commissariat, qui me dit d’appeler ma banque pour faire opposition pour le chéquier, qui me dit de rappeler lundi. Merci.
Dès que quelqu’un m’appelle je lui parle pochette.
Je passe donc mon week-end seule à me morfondre sur la perte de cette putain de pochette.
A repenser à ma vie d’avant, avec pochette, qui était quand même nettement plus belle.

Les Gentils

gentils

Je vais encore parler de drague, de rapports hommes/ femmes.
Certains se passionnent pour la peinture italienne de la renaissance ou les Chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru.
Moi c’est la drague, les hommes, les râteaux, les histoires d’amour foireuses.
En quelque sorte la lose. Ouais, c’est ça, je suis un peu une passionnée de la lose, et cette passion dépasse la lose amoureuse pour s’étendre à tous les domaines de la vie.
La Lose avec un grand L.
La lose ambiance « Style de vie ».

Bon, mais je m’égare du cœur du sujet d’aujourd’hui.

Je vais vous parler d’une catégorie d’hommes (oui j’aime bien les catégoriser), quelque peu protéiforme et subjective : les Gentils.
Alors vous me direz, de la même façon qu’on est tous le con d’un autre, on est tous le Gentil d’un autre.
Cpafo.
Mais j’ai quand même envie de vous parler de ces hommes, que je considère comme Gentils, selon ma conception de la gentillesse.

Ils sont tendres et attentifs.
Ils se plient en 4 pour vous. Toujours disponibles et présents.
Ils se tapent votre déménagement, se coltinent la belle famille à dîner (en plus ils font la bouffe pendant que vous mangez des chips affalée dans le canapé).
Ils vous attendent 3 plombes devant la cabine d’essayage. Trouvent que la douzaine de robes que vous avez essayées vous va super bien. Vous guettez les regards furtifs vers les bouts de fesses de la bombasse qui dépassent de la cabine d’à côté, mais rien. Ils n’ont d’yeux que pour vous. Aucune menace à l’horizon.
Ils nourrissent une certaine forme d’admiration pour ce qui touche à votre personne.
Ils trouvent que votre haleine du matin, c’est « mignon ». Votre vieux pyjama troué en moumoute, c’est « sexy ». Même votre maquillage qui a coulé façon panda et qui vous fait des crottes d’œil, c’est « attendrissant ». Vous finirez bientôt comme un étron échoué sur votre canapé à vous épiler le maillot qu’ils trouveront ça « rigolo ».

Quand on parle d’eux, on les trouve « tellement Gentils ».
On a de la chance de les avoir.
Vous pouvez être un peu chiante c’est pas grave, ils vous comprennent. Vous devez sûrement avoir une bonne raison, la fatigue, des problèmes au boulot, vos règles…
D’ailleurs vous essayez un peu juste pour voir : « parfois j’aurais besoin que tu me tiennes un peu tête, j’aime bien la contradiction, la polémique, ça me stimule ».
Ils vous regardent avec des grands yeux de poisson mort. Ça les dépasse un peu, mais ils vous disent que oui, vous avez raison, ils vont faire un effort pour s’affirmer.
Ils sont tellement Gentils qu’ils sont prêts à essayer de l’être moins rien que pour vous faire plaisir.
Pour voir s’ils ont fait des progrès, vous les testez un peu, normal (c’est pour leur bien).
Sans trop vous forcer vous êtes plus chiante que d’habitude.
Test raté : ils encaissent, penauds. En plus vous avez réussi à les faire culpabiliser : ils s’en veulent d’être si Gentils et de ne pas réussir à vous plaire.
Vous vous rendez bien compte que vous êtes un peu tordue, ça vous énerve.
C’est pas dans leur nature, eux ils veulent que les choses se passent bien, simplement.
A force de tant de gentillesse, vous vous rendez compte que vous vous ennuyez un peu.
Et à la longue vous vous faites carrément chier.

Alors vous réalisez, résignée, que la gentillesse c’est bien beau, mais c’est pas forcément votre came. Vous préférez la laisser à d’autres.

Oui, certaines filles chiantes comme moi ont besoin qu’on leur mette des limites, qu’on leur tienne tête. Et de sentir que rien n’est jamais acquis.